jeudi 25 août 2011

Festin nocturne

La bouteille de vin est finie, je me sens si seule...
Il y en a qui diraient "tant mieux" mais ils font ce qu'ils veulent.
Je regrette la fin du festin et les pires pensées
Se pressent pour rendre la nuit plus sombre et corsée.

Je sais, je vais replonger dans mes pires cauchemars.
Ça fait 6 ans que j'essaye de ne pas y croire.
Mais la vérité est plus cruelle que jamais :
La vie triomphe sur la mort de ceux qu'on aimait.

Je sens que je vais pleurer toutes les larmes de mon corps.
Que l'heure est venue d'interrompre tous les efforts.
Combattre la peine ne sert qu'à la faire grandir.
Je vais l'accueillir et je vais la laisser partir.

Une autre bouteille de vin est donc entamée,
Je suis enivrée de suite par l'odeur humée.
La tête qui tourne me lance des appels d'urgence,
Le mal de tête me guette en guise de vengeance.

Mais peu importe la nausée, la douleur et l'alcool,
Les murs qui me tombent dessus, la raideur du sol,
Je tente d'extirper une tique qui s'enfonce dans ma chair,
Une bête noire tout droit sortie de l'enfer.

De ses chélicères elle déchire mon âme en morceaux.
Le vin se mélange au sang qui coule sur ma peau.
Cette danse morbide me vide de tous mes entrailles,
Je tombe par terre épuisée, les sens en pagaille.

Les heures durant je demeure ainsi sans bouger,
Sans dire un mot, mes membres restent figés.
Serait-ce la fin de l'assaut dans la guerre sans limite?
Ou suis-je guérie à jamais de cette peine hypocrite?

Je reste prostrée dans l'espoir d'un réveil sans nuage,
D'une chance de renaître des cendres, tourner la page.
La bouteille de vin est finie et la nuit avec elle.
La peine va revenir, mais peut être moins rebelle...

15.07.11

dimanche 7 août 2011

Il était une fois...

Il était une fois un bateau qui faisait une longue promenade sur la Saône le temps d'un dîner exquis, accompagné de commentaires historiques sur la ville baignée dans la lumière. Rendez-vous à Lyon pour un romantique parcours de l'île Barbe, d'abord sur le Rhône vers la Confluence et puis le long des berges de la Saône pour découvrir le vieux Lyon, ses cathédrales illuminées et ses ponts majestueux.

C'était une surprise. Une mystérieuse aventure d'une femme amoureuse, qui veut plaire et séduire davantage. Une belle rencontre d'une envie soudaine d'épater et d'un désir profond de faire quelque chose ensemble avec celui qu'on aime. Pourquoi pas un dîner en amoureux sur un bateau?

Il était persuadé de dîner dans un restaurant nouveau, soit un restaurant de cuisine russe, soir un restaurant français mais chic. Du genre à vous éclater les papilles et le porte-monnaie en même temps. Sa suprise a été d'autant plus grande qu'en abandonnant le quartier des cafés derrière nous, on est tout de suite tombé face au bateau qui nous attendait à quai. "Mais, on va où au juste?" dit-il en faisant des premiers pas sur le pont de l'Université. "T'inquiète pas, notre restaurant est juste là" - lui dis-je, un sourire en coin. La magie peut commencer.

Une ambiance feutrée de la salle, des serveurs en uniforme des marins, une musique de fond apaisante, un léger bruit des vagues... tout a été conçu pour rendre ce dîner encore plus romantique et inoubliable. Et en ce qui concerne le romantisme, les règles strictes du genre ont été respectés jusqu'aux moindres détails. A peine arrivée à notre table, une serveuse nous apporte des menus. Au bout de quelques minutes d'une scrupuleuse observation, je me rends compte que quelque chose cloche. Je n'ai pas de prix dans mon menu! Je jette un coup d'œil dans celui de M.  : il y a bien des prix. Comme c'est galant de la part du restaurant de proposer des menus "femmes" (je suis invitée, je pense pas à l'argent, je me contente d'être belle) et "hommes" (j'invite, je calcule frénétiquement dans ma tête si tout ça vaut le coup et je me régale)! Sauf que cette fois-là, c'est moi qui invitais! Et même si c'était lui, pourquoi faire la différence? Alors, la femme n'est pas censée se préoccuper du côté pécuniaire de l'affaire car elle est invitée, c'est donc l'homme qui paye, qui investit dans la soirée, qui s'attend à avoir son retour sur investissement. Mais sous quel forme? Devant ma stupéfaction, M. ne peut s'empêcher de sourire. "J'en connais une qui va pas tarder à mettre tout ça sur son blog". On rigole ensemble et échange les menus. Le romantisme avec un léger arrière-goût du sexisme, non merci. D'un seul coup, je l'attire vers moi et lui chuchote dans oreille : "A ton avis, qui a eu le menu sans prix à la table d'à côté?" Juste devant nous, deux femmes d'une trentaine d'année étudiaient leurs menus. Une assez jolie avec de longs cheveux bruns, un jean moulant et un haut simple qui mettait en valeur sa poitrine et l'autre plutôt garçon manqué, une posture raide, des petits bouts de seins sous un t-shirt unisex, un jean noir et des baskets. Un couple lesbien. On n'a jamais su la réponse.

Le repas a été délicieux et contrairement à ce qu'on pouvait imaginer, bien copieux. Des produits frais de saison rivalisaient avec du fromage crémeux et des desserts succulents. J'ai rarement eu l'occasion de manger aussi bien dans un restaurant, cela été une vraie surprise pour tous les deux. Au moment de régler la note, un serveur nous apporte un carnet discret et le pose délicatement devant le monsieur. Ah non, ça suffit maintenant! Je cherche le serveur et lui indique que c'est moi qui paye et par CB s'il vous plaît. Une nouvelle pensée pour le couple gay d'à côté, qui a eu droit au carnet magique?

En sortant du bateau, un air frais de la nuit nous ramène à la réalité : chercher un bus, une station de métro, rentrer chez soi. La soirée a été exceptionnelle, pleine de douceur et de plaisirs, autant gustatives que culturels. Nous avons découvert Lyon dans toutes ses lumières, à travers les siècles et les quartiers, sur ses artères principales : la Saône et le Rhône. Les deux fleuves qui ne deviennent qu'un seul comme les deux amoureux qui s'unissent pour l'éternité.