samedi 4 juin 2011

Cosette

C'est comme ça que M. m'appelle quand je me mets à pleurnicher pour un oui ou pour un non, quand je me plains de tout et de rien, quand je m'approche de trop près des limites de sa patience tout en réclamant mon du au monde entier. "Ma pauvre Cosette, comme tu es malheureuse dans ton 70 m² avec un mari qui t'aime, un boulot qui rapporte dans un pays qui ne connaît pas la guerre..." Certes, il a raison, je suis loin d'une Cosette, telle qu'on la connaît dans le roman de Victor Hugo - une enfant maltraitée, abandonnée, exploitée par les adultes. Mais je ne peux pas m'empêcher de me plaindre. Il n'y a jamais rien qui va comme il faut : la vaisselle est propre, mais il reste des tâches sur une assiette, je me sens belle, mais trouve mes hanches un peu charnues, il fait beau aujourd'hui, mais un petit vent frais se faufile par la porte entrouverte... Et là, je ne parle que de moi, dans ma vie privée, sans effleurer de plus gros sujets qui fâchent comme la politique, l'économie, l'égalité femmes/hommes (tiens, la-dessus, je suis carrément Cosette). Je ne vois jamais le verre à moitié plein, disons, qu'il est presque à moitié plein, mais il reste quelques gouttes imperceptibles, visibles uniquement à mon oeil, qui gâchent le tableau. Personne ne les voit à part moi. Et vu que personne ne s'en rend compte, il est de mon devoir de le montrer afin de ne pas laisser mon entourage dans l'ignorance complète concernant les gouttes qui manquent dans un verre à moitié vide. Cosette, vous dites? Mais est-ce qu'elle se plaignait déjà, cette pauvre gamine? J'en suis même pas sûre.
Ce dont je suis certaine par contre, ce que les Cosettes comme moi, il n'y en a beaucoup. Mais pas vraiment des "Cosettes" comme prétend M. Non. Des filles maltraitées, abandonnées, abusées, déçues, peut être, mais surtout des filles qui se plaignent, qui avancent, qui se cognent, qui se battent, qui revendiquent et qui obtiennent des égalités promises et des droits innés. Et surtout, des filles qui causent. Sur tout et sur rien, sur les hommes et les femmes, sur la politique, l'économie et, tiens !, l'égalité. Des vraies Causettes!
C'est en surfant sur Internet que j'ai découvert le magazine féminin  et féministe "Causette" il y a déjà quelques mois, mais c'est que hier que je acheté mon premier numéro. Et c'est que hier, que mon cerveau a fait la concordance phonique du mot Causette avec mon petit surnom affectif donné par M. Et si j'étais en réalité une Causette? Il avait peut être vu juste, mais hésitait à me le dire...

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