samedi 18 juin 2011

Bac+5 ou les années mensongères

Tiens, puisqu'on parle du bac et des études supérieurs cette semaine, comment ne pas se souvenir de ce diplôme majestueux que j'ai mis 5 ans à pondre dans l'espoir de trouver un job de rêve dans une multinationale cotée en bourse. Mon chez master 2, j'aurais pu te chanter une ode si je n'étais pas aussi matérialiste et pessimiste en ce qui concerne l'utilité des diplômes en France. Vous voulez un scoop? Ils ne servent à rien.

Je me vois encore sur les bancs de la fac avec des tonnes de bouquins et des cernes sous les yeux en cherchant en vain de comprendre un cours sur la gestion des produits financiers, un cours hautement important dans mon domaine : le tourisme. Encore aujourd'hui, je me demande parfois à quoi bon ont servi tous ces cours de marketing, de ressources humaines et de comptabilité si la seule chose que je retient de ces formations est que c'était ennuyant à mourir. A la sortie de l'université, j'avais un super diplôme, mais aucune expérience dans le tourisme, j'avais des tas de notions théoriques mais aucune mise en pratique. Pour ceux qui bossent dans le tourisme : je n'avais jamais travaillé sur Amadeus, je ne savais donc pas vendre, mais je connaissais des tas de techniques pour manager une équipe ou des méthodes de création de produits. En gros, je savais marcher avant de ramper. Dans quel intérêt nous on-t-il préparé aux postes à hautes responsabilités sans nous montrer le B.A.BA du business? Et dans quel but nous on-t-il enseigné une quantité de matières secondaires sans nous donner une seule et bonne leçon de la vie : la réalité. Et j'entends par là la saturation du marché, la compétitivité excessive, le chômage.

Un chef de produit est une espèce rare dans le jungle touristique tandis que des vendeurs dans les agences de voyages sont plus nombreux que des souris dans un champ de maïs. Et pendant les 5 ans d'études, on nous a fait croire le contraire. Le poste de télévendeur chez Carrefour Voyages était considéré comme un sous-métier, à nous les voyages à 4 coins du monde avec un salaire d'un PDG chez un tour-opérateur mondialement reconnu. Un projet professionnel a même été obligatoire pour avoir son diplôme. Que des mensonges et de belles promesses. Surtout des promesses.

Mais heureusement pour certains, leur rêve d'un poste intéressant et bien payé s'est réalisé. Aujourd'hui ils parcourent les 5 continents à la recherche d'un produit de demain, d'une prestation à la hauteur des demandes des voyageurs, d'un séjour incroyable qui sera à jamais gravé dans la mémoire des touristes ordinaires. Mais combien sont-ils? Et tous les autres, qui ne reçoivent jamais de réponses des employeurs suite à leurs candidatures aux postes de cadres, tous ceux qui ont vu leur carrière bifurquer vers une voie plus alimentaire et moins prestigieuse, tous ces jeunes en manque de reconnaissance et en excès de déception? Est-ce qu'ils n'auraient pas préféré connaître les bases du métier pour pouvoir s'épanouir sur les postes plus "basiques"?

De nos jours, les universités enrôlent plus d'étudiants que nécessaire pour assurer la pérennité des métiers. Les domaines comme l'économie, le droit, le management, sont très populaires parmi les jeunes bacheliers au détriment des métiers manuels (plomberie, mécanique, couture), plus techniques, mais moins prestigieux. Les lycéens sont bombardés d'images des jeunes cadres dynamiques qui réussissent. Ils croient que le poste de rêve c'est forcément un job dans une grande tour à l'américaine, costard-cravate, une dizaine de subordonnés, une voiture allemande et un pavillon dans une banlieue parisienne. L'image d'un cadre parfait qui utilise toutes ces capacités intellectuelles dans le travail, celui qui gouverne et qui ne salit pas les mains, est tellement cultivé à la télévision que les jeunes ont du mal à se passionner pour d'autres métiers, tout à fait honorables. C'est comme ça qu'à la fin des études, on se retrouve avec 10 managers pour 1 plombier. Et qui gagne des milliers, roule en BMW et cultive son jardin à Neuilly? Le plombier, car il est irremplaçable. Car tout n'est qu'une question d'équilibre. Dans la société, nous avons besoin autant de managers que d'ouvriers, de PDG que de secrétaires, de traders que de techniciens de surface.

Quand j'ai eu mon diplôme, je voulais changer le monde. En travaillant dur à manager une équipe d'agents de voyages ou en rédigeant des rapports sophistiqués sur le comportement des touristes. Aujourd'hui, j'ai encore plus envie de changer le monde. En dénonçant des stéréotypes sur des boulanger, des coiffeurs et des vendeurs chez Fnac. Tout le monde ne peut pas être ingénieur chez Microsoft  ou commercial chez Danone, mais chacun de nous peut avoir un métier épanouissant et utile à la société. Faire des études c'est bien, mais savoir trouver ta place dans le monde, c'est encore mieux. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire