mardi 14 juin 2011

Etrangers en France. IIème partie.

Après notre échec de la semaine dernière, nous nous sommes préparés, M et moi, à affronter les affres de la procédure du renouvellement de mes papiers tôt ce matin. Le réveil sonné à 5h, on s'est extirpé du lit non sans difficulté, avons prit un petit-déjeuner modeste et rassemblé nos affaires pour camper devant le portail de la Préfecture. En quelques minutes on a parcouru la moitié de la ville dans les rues quasi désertes et une fois dans le 6ème arrondissement, nous avons eu du mal à trouver une place pour se garer. Et oui, à 6h du matin, il y avait déjà autant de monde que la dernière fois que nous sommes venus à 8h. Je suis restée ébahie devant la file d'attente. Il y avait des vieillards aux visages tendus, des femmes avec les enfants pleins les bras, des hommes sur leurs tabourets de fortune avec des attaché-case remplis de papiers. A ma question à quelle heure ils sont venus, une toute jeune fille au début de la file me sourit et me dit tout simplement : à 4h et demi. Je me lance vers l'arrière et pose mon tabouret sur le trottoir. Nos chances sont très minces d'avoir un ticket, mais je reste interdite devant l'absurdité de la situation, je suis incapable de prendre une décision. M. me tire par le bras : "C'est peine perdue, on ne passera pas, laisse tomber. On reviendra lundi". Je reste de marbre. Quelle connerie!  Une journée entière gâchée, le moral au ras des pâquerettes, je me lève et je m'en vais. Non sans prendre quelques clichés en guise des preuves.    


En rentrant chez nous, j'ai eu une vision. Comment est-ce que cette situation est possible dans un pays où on râle, revendique et fait grève à la moindre piqûre de moustique? Mais tout bêtement parce qu'il n'y a point de Français parmi toutes les personnes agglutinées devant les grillages! S'il y en avait un, il aurait déjà contacté les associations de protection des étrangers en péril, les journalistes, les radios, les groupes de soutien, il aurait déjà donné un bon coup de pied au système dans l'espoir de le changer. Nous, les étrangers, on n'ose pas agir. Par crainte de se faire refuser les papiers, par défaitisme , par habitude, ou dans la plupart des cas, par absence de ce gène mystérieux que possèdent les Français qui, comme dirait une pub connue, "donne des ailes". Plus tu râles et plus tu te sens fort. Plus l'injustice est profonde et plus tu râles. A ce point qu'aujourd'hui, si tu ne râles pas, rien ne bouge. La Préfecture du Rhône, aurait-elle besoin d'un coup de pied salutaire pour changer les choses? Et qui va le donner?

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