dimanche 3 juillet 2011

Etrangers en France. IIIème partie.

Je n'arrête jamais de ramener ma fraise pour cette histoire des papiers, c'est affligeant. Combien de temps cela va-t-il encore durer? Certainement assez longtemps pour me dégoûter suffisamment du système français de l'immigration, quoi que je ne pense que pas les systèmes d'autres pays soient moins éprouvants. L'immigration en elle-même n'est pas de tout bonheur. Mais ainsi soit-il, je suis étrangère, et j'assume.

Pour faire court, on est retourné à la Préfecture du Rhône pour afin obtenir un récépissé me donnant le droit de vivre en France. Cette fois-ci, nous y sommes bien préparés : un thermos de thé, une couverture, un tabouret, de la lecture et surtout beaucoup de volonté d'en finir avec cette histoire pour au moins un an, voire plus. Arrivés à 4h du matin sur les lieux, nous nous sommes relayés pour ne pas prendre la place dans la file d'attente jusqu'à ce que la foule se serre entre les grillages interdisant tout accès aux probables resquilleurs. Et il n'y en a eu, des resquilleurs. Parce qu'il ne faut pas croire que le fait de te lever à 3h du mat' et d'être un étranger en quête de papiers te dote d'une honnêteté quelconque vis-à-vis des autres. Pour certains, tous les coups sont permis quand il s'agît de gagner un avantage par le biais d'une ruse ou de la force. Finalement, cette file d'attente, ce n'est autre qu'un miroir de notre société en général. Il  y a des mauvais et des bons des deux côtés de la barrière.

10 minutes. C'est à peine si on est resté 10 minutes avec l'employée de la préfecture pour le dépôt du dossier. Y compris la déclaration sur l'honneur du conjoint et la création d'un récépissé. Pour 10 heures d'attente, ça fait quand même beaucoup.  Après avoir reçu le ticket, nous avions pu sortir pour déjeuner et s'aérer un peu en ville, sinon, je n'imagine pas comment on aurait pu tenir jusqu'au bout. C'est vrai que l'été est une période agréable pour ce genre de démarches, cela atténue considérablement sa pénibilité sans ôter son caractère éprouvant. Une semaine pour rattraper le sommeil et me remettre de mes émotions. Ce n'est pas très grave, certes, mais un arrière goût amer est resté dans la bouche. Comme si le gouvernement faisait tout pour enlever l'appétit des immigrants pour la France, les dégoûter du système bureaucratique rocambolesque dans le but de les éloigner du pays. Ça ne marche pas comme ça, malheureusement. C'est comme prendre de l'aspirine pour guérir une migraine, tout le monde sait que cela n'enlève que les symptômes, la douleur en l'occurrence, mais ne guérit point la maladie. Je ne vais pas me lancer dans le débat sur l'immigration et sa longue histoire d'amour avec ce pays, car dans ce phénomène la France serait autant bourreau que victime, mais une chose m'interpelle : serait-il possible un jour d'outrepasser les préjugés et commencer à traiter les étrangers de même manière que les autochtones? Et pas seulement dans le sens favorable de ce terme. 

L'égalité des chances étant un des piliers de la République on se demande parfois ce qu'en est-il dans certains domaines de la société. Les ressortissants des pays étrangers, entassés jadis dans des ghettos à la périphérie de Paris, avaient-ils les mêmes chances de réussir dans la vie que leurs camarades des banlieues huppés? Quand on sait ce qui se passe dans ces cités meurtries par la violence et la désillusion, n'a-t-on pas l'impression d'avoir mis dans leurs mains le marteau qui nous tape sur la tête? Et encore, la majorité de ces délinquants serait de nationalité française. Nous avons fabriqués nous même des fossés entre les populations et on se demande maintenant que faire de tout ce bordel.

Je ne suis pas politologue ni sénatrice, ni philosophe, je ne pourrai donc pas vous apporter des solutions à de nombreuses problèmes concernant l'immigration, mais tout commence pour un pas. Et mon petit pas aujourd'hui est celui vers le jugement raisonnable dépouillé de stigmatisation et de préjugés, un pas vers l'égalité des chances d'être bon ou mauvais pour toutes les tranches de la population.

3 commentaires:

  1. C'est horrible cette histoire. Les trois épisodes sentent la sueurs et la frustration. C'est vraiment abominable. Tu as raison, si c'était des français, ils auraient séquestré trois fois le préfet, mis le feu 10 fois, et fait autant de grève !

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  2. A ma question s'ils prévoyaient un quelconque changement, l'employée au guichet m'a joyeusement annoncé leur déménagement. Enfin, ce sera plus grand, fut ma première pensée. "Par contre, ce sera pas plus grand qu'ici, mais plus neuf" a-t-elle précisé. Pfff... Qu'est-ce qu'on a à foutre des tables toutes neuves juste sorties d'IKEA, nous????
    P.S. Merci pour ce tout premier commentaire sur mon blog :)))

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  3. C'est affligeant. On dirait pas que leur boulot c'est faire de la "mission publique"

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